Promenade du dimanche.
Autre pays, autre rythme : le calme des villes françaises à 8h du matin le dimanche n’a rien à voir avec l’animation d’ici aujourd’hui, assez semblable aux autres jours; seule l’absence des camions fait la différence. Abandonnant l’imposante statue de la Liberté et le flamboyant palais du parlement, nous roulons allègrement sur la VR6 en plein cœur de Budapest le long du Danube.
Une VR6 fort bien pensée pour nous donner, quelques kms après, un aperçu de tout ce qui peut transformer une véloroute en une voie verte de promenade… du dimanche : on saute du chemin en pleine zone industrielle à plaques disjointes de béton à un chemin avec ornières et cailloux au milieu de la fête de l’Humanité, ce qui n’empêche pas de nombreux groupes cyclistes de toute nationalité de zigzaguer et de cahoter entre chiens, petits vélos, couples enlacés ou famille qui baguenaude au milieu des odeurs de sucrerie ou de friture. Après, c’est Luna Park pour spécialistes des passages de chicanes (très très serrées pour nos « encombrants » tricycles) ou amateurs de montagne russe… le clou du lot, cette passerelle dont la montée très raide se termine par un plat de la longueur de notre vélo manuel qui doit prendre un virage à angle droit sous peine de redescendre par… une volée de marches impressionnante ! Nous retrouverons un autre escalier qui sera le seul moyen de continuer sur cette véloroute, l’accès à la voie routière -sans trottoir- étant interdit aux vélos.
A retenir le véritable chassé-croisé sur les trottoirs entre piétons et vélos sans anicroche et le constant respect des automobiles lorsqu’un cycliste aborde ou croise la route! Un respect citoyen dont nous avons au un autre exemple cette semaine précédant les élections européennes : si on en parle bien à la télévision (assez calmement me semble-t-il), les affichages en ville sont fait aux endroits prévus et… respectés par les autres candidats, nul graffitis ni affiche arrachée !
Ainsi la matinée se passe à avancer 2 fois moins vite que d’habitude pour un effort identique! qu’allons-nous devenir avec une étape de plus de 60 kms? Nous décidons donc d’abandonner la sécurité de la « véloroute » pour les risques de la circulation, afin d’arriver avant la nuit. Réactions discrètes des autotochnes à notre passage (cela nous change des derniers pays traversés); a contrario les cyclistes croisés nous saluent, lèvent le pouce ou nous sourient.
Plus nous avançons, plus nous apparaît que la couleur bleue domine au niveau des panneaux routiers: comme au Canada, on vous indique les possibilités (panneau bleu pour tourner à droite et/ou aller tout droit) plutôt que l’interdit (de tourner à gauche en panneau rouge). Différence de mentalités qui correspondent à d’autres comportements; l’un d’eux nous fait faire un retour en arrière : le fait de pouvoir à première vue fumer en public sans interdit, en réalité il y en a salle de restaurant, chambre à louer mais pointés avec des panonceaux discrets et fort bien respectés.
Après la halte de midi, les soucis s’estompent; sans doute que notre calvaire du matin avait été là pour rappeler aux mécréants qui, la veille au soir, avaient délaissé Eric tout seul dans l’église voisine pour aller jouer les touristes sur les flots du Danube avec coucher de soleil et illuminations assurées sur la ville. Mais Sainte Thérèse de Lisieux n’est pas rancunière car, tout annonçait une fin d’étape sous les foudres du ciel. Au lieu de cela, les 20 derniers kms se passent à jouer au plus fin avec un fort orage qui nous vise: nous ne serons mouillés que par les seules éclaboussures des énormes flaques d’eau formées quelques minutes avant notre passage. Une fuite devant les douches célestes réussie grâce à Yves qui, en bon équipier, « tracta » Guy en le prenant dans son aspiration pour avaler ces derniers kms.
La tentative finale de pousser jusqu’en Slovaquie se solde par une averse que nous aurions pu éviter au bout de ces 65 kms prévus devenus 80, une rallonge d’un quart supplémentaire, un surplus d’efforts qui n’est pas sans conséquence au niveau des bras. Vivement le repas slovaque réparateur et une bonne nuit.
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