Grand moment de solitude pour Yves et Serge ce matin…… Pour une fois, le petit déjeuner ne devrait être servi qu’à 8:00 (ils ont mal entendu). Donc ils ont pris tout leur temps, écrits quelques cartes postales et enfin vers 8:40 ils sont descendus. Plus âme qui vive dans le réfectoire d’ailleurs personne dehors non plus. Tout le groupe de cycliste est parti, il n’y a plus que l’équipe de l’Europe à Tour de Bras qui profite encore de la douce sérénité du monastère.
Yves 08:50 – Y plus personne, ils sont tous partis!!!! On es tout seul, on a pas de carte et on sait pas ou on doit être ce soir. Donc on prend quelle route???? Puisque nous sommes montés au monastère hier il faut bien en redescendre pour trouver notre chemin. Oui mais lequel?
Et bien ils ont fait ça au flair et comme tous les jours quelques kilomètres de plus. Heureusement pour eux, l’étape ne fait que 54km. La météo est idéale pour pédaler, un petit vent frais et du soleil ce qui permet de parfaire le bronzage. En fin de matinée ils rattraperont enfin un groupe de cycliste chinois. Mais avant il y aurait eu la petite pause café bien agréable.
Sur la route nos Eurocyclistes croisent énormément de cycliste. Essentiellement des personnes retraités qui partent quelques jours faire une belle escapade à vélo avec tente et sacoches bien pleines arrimées au vélo. En dehors de grandes villes, les gens des villages se déplacent beaucoup à vélo, il y a une très grande proportion de vélo électrique.
En cour d’après midi de nouveau le sens de l’orientation leur fait défaut, ils seront guidés jusque sur la route de Sigmaringen par une personne de plus de 85 ans qui lui aussi circule en vélo électrique. Les paysages sont splendides, le Danube a creusé son lit très profondément et les falaises de calcaire blanches, où s’élève souvent un château, font plus de 100 mètres de haut.
C’est en traversant la forêt noire en cette fin d’après midi qu’Yves fera un rapprochement Franco-Allemand avec un cycliste handicapé circulant sur un handbyke électrique. C’est les deuxièmes engins de ce type qu’ils voient en quelques jours.
Etape super de nouveau aujourd’hui : toujours du soleil, vent léger de dos et paysages et villages très agréables. On a suivi « l’Eurovélo 6 » qui ici est très bien fléchée. Aujourd’hui le fléchage est très précis ce qui n’était pas le cas il y a deux jours. On arrive à Sigmaringen, terme de l’étape où encore une fois le village est très attrayant. Nous avons aperçu de très loin sur la colline, la silhouette d’un fier château renaissance : fines tourelles élancées, pont-levis.
Le Château de Sigmaringen a été mentionné pour la première fois en 1077 dans les chroniques du monastère de Petershausen. Les parties les plus anciennes du Château sont dissimulées sous les grandes constructions et bâtiments transformés réalisés aux XVIIe et XIXe siècles. Le secret de la plus ancienne bâtisse construite sur ce rocher inexpugnable ne sera jamais pleinement révélé: des travaux d’excavation à grande échelle seraient nécessaires, ce que le développement de l’urbanisation aux alentours rend impossible. À en juger par les nombreux vestiges romains mis à jour dans la zone autour de Sigmaringen, le donjon du XIIe siècle connu sous le nom de «Tour romaine» pourrait remonter à un prédécesseur romain.
Le château de Sigmaringen et la ville rappelleront aux plus anciens d’entre nous de mauvais souvenir puisque qu’à la fin de la guerre, cette ville a abrité le régime de Vichy en exil. Le Maréchal Pétain, son gouvernement, de fidèles fonctionnaires, des collaborateurs de tout poil, en tout, quelques 2.000 personnes, dont l’écrivain Ferdinand Céline, ont rêvé de reconquérir la France. Pendant huit mois, cette petite troupe a vécu au rythme de trahisons, de rumeurs et de jalousies. En quelque sorte on pourrait dire que la période de collaboration s’est terminée ici. Période sombre de l’histoire française… Pourquoi Pétain avait-il atterri là je ne sais pas …je ne suis pas suffisamment féru en histoire pour avoir quelques explications.
Pour les personnes qui aiment l’histoire contemporaine, je vous conseille le dernier roman de Pierre ASSOULINE paru en janvier. Au cœur du livre un château mythique, un majordome et l’intendante de Pétain. Un roman époustouflant fait d’ombres et de passions.
Tandis que les Alliés se rapprochent inexorablement du Danube et que l’étau se resserre, Sigmaringen s’organise en petite France. Coups d’éclat, trahisons, rumeurs d’espionnage, jalousies, l’exil n’a pas éteint les passions. Certains rêvent de légitimité, d’autres d’effacer un passé trouble, ou d’assouvir encore leurs ambitions. Mais Sigmaringen n’est qu’une illusion. La chute du 3ème Reich est imminente et huit mois après leur arrivée tous ces Français vont devoir fuir pour sauver leur peau. De ce théâtre d’ombres rien n’échappe à Julius Stein. Sa discrète liaison amoureuse avec Jeanne Wolfermann, l’intendante du maréchal, le conduira à sortir de sa réserve et à prendre parti.
Nous faisons de nouveau une belle visite dans cette jolie petite ville animée dont les rues sont bordées de maisons peintes ou à colombages. Nous y flânons un petit moment avant de prendre le chemin de notre auberge de jeunesse.
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